vendredi 5 octobre 2012

Rosalie Joseph, née par césarienne à Lesdain en 1813

Aujourd'hui, la césarienne est un acte chirurgical courant, maîtrisé et qui ne pose plus que rarement des soucis.  Ce n'était pas le cas du temps de nos ancêtres, les connaissances médicales étaient moindres, l'aseptie et l'anesthésie pas encore développées.
C'est ce qu'on peut lire ci-dessous dans cette histoire que se déroule à Lesdain, petit village de la Wallonie Picarde, au sud de Tournai, non loin de la frontière française.
 

Etat civil de Lesdain, registre des naissances pour 1813 :


L'an 1813, le 22 du mois de décembre, par devant nous maire et adjoint de la commune de Lesdain, canton d'Antoing, arrondissement de Tournay, département de Jemappes, est comparu Benoît FOUCART, journalier en cette commune, lequel nous a déclaré que le 14 du même mois à 9 heures du soir, il lui est né un enfant de sexe féminin de lui et de Célestine CHANTRY son épouse et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Rosalie Joseph. 
Ladite déclaration a été faite en présence de Prudent BONNET journalier audit Lesdain, âgé de 27 ans, et François FOUCART journalier audit lieu, âgé de 28 ans.  Cet enfant est né à l'aide de l'opération césarienne, constaté par le certificat de Monsieur BONNET de Taintignies, dîplômé en médecine, en date de ce jour et approuvé pour sincère et véritable par Prudence DUVINAGE et Thérèse DEFAUT ici présentes et déclarantes.  Et ont les témoins signé avec nous le présent acte après lecture leur en a été faite, excepté François FOUCART, Prudence DUVINAGE et Thérèse DEFAUT qui ont déclaré ne savoir écrire ainsi que le père.
 

Extrait du certificat du médecin BONNET :

 
Taintignies, canton d'Antoing, département de Jemappes, 22 décembre 1813
 
Je soussigné diplômé en médecine, déclare que m'étant transporté mardi 14 décembre chez Benoît FOUCART à Lesdain pour y voir sa femme enceinte d'environ 8 mois, sur le point d'expirer, je me retire dans une maison voisine jusqu'au moment qu'elle fut morte.  Ayant bien constaté sa mort, je procédai à l'opération césarienne à l'aide de laquelle j'amenai au jour une fille bien ... d'un beau coloris, laquelle ayant en présence des veuve DRUME et MASQUELIER poussé plusieurs soupirs, finit par pâlir et cesser de vivre, d'où il était évident que l'enfant était vivant quand il fut extrait du ventre de sa mère.  Etait signé Bonnet, médecin.
 
Fait et arrêté à Lesdain ce 31 décembre 1813.
 
 Source : Archives de l'Etat à Tournai, état civil de Lesdain

 

Historique de la césarienne :

 
La césarienne est une opération fréquemment pratiquée depuis des temps immémoriaux, mais principalement sur la femme tout juste décédée. La Lex Regia de Numa Pompilius impose la césarienne post mortem, une femme enceinte morte ne pouvant être inhumée avant que l’enfant n’eut été extrait. L’Église catholique va dans le même sens, la césarienne post mortem permettant d'extraire l'enfant en vue du baptême.
La première opération connue et réussie en occident l'a été sur une femme vivante en l'an 1500 : cette année-là, Jacques Nufer, châtreur de porcs à Siegerhausen, en Thurgovie (Suisse), sollicite de la magistrature locale l'autorisation d'accoucher sa femme, Marie Alepaschin, par voie artificielle, les médecins déclarant impossible l'accouchement par la voie naturelle, de même que les 13 « ventrières » (sages femmes) qui ont vainement tenté de l'accoucher. Il réussit parfaitement son exploit, puisque son épouse accoucha plus tard à cinq reprises dont une fois de jumeaux. On pense maintenant qu'il s'agissait d'un cas de grossesse abdominale, ce qui expliquerait la bonne récupération de l'opérée.
La même opération sera tentée, parfois avec succès, au cours du XVIe siècle et plus tard le chirurgien François Mauriceau s'élèvera contre cette pratique trop meurtrière, tandis qu'Ambroise Paré probablement trop vieux pour tenter l'expérience demande à son élève Guillemeau de la réaliser, d'après le premier traité sue la césarienne sur femme vivante L’hysterotomotokie ou enfantement caesarien en 1581 par le médecin parisien François Rousset. Même durant la première moitié du XIXe siècle, cinq opérées sur six y laissaient la vie, généralement pour cause de péritonite (infection abdominale).
Il faudra attendre 1880 et les progrès de l'asepsie et de l'anesthésie pour que la tendance se renverse complètement. La suture de l’hystérotomie développée par Max Saenger en 1882 permet d’abaisser le taux de mortalité maternelle à 10 %. La césarienne dite haute, appelée ainsi en raison du point d'incision sur l'utérus, devient alors courante, mais reste dangereuse. À partir de 1920, la césarienne basse en fait une intervention moins risquée. Et si la technique est relativement au point au début du XXe siècle, le lourd tribut maternel ne s'améliore qu'avec l'avènement des antibiotiques entre les deux guerres.
De nos jours, il s'agit d'une technique maîtrisée où la morbidité maternelle (complications maternelles) est réduite au minimum, et pour laquelle les indications sont bien codifiées par la profession (CNGOF).
Les taux de césarienne augmentent depuis 20 ans dans la majorité des pays industrialisés où la technique opératoire est parfaitement maîtrisée, ce qui correspond à la prise en compte des risques obstétricaux par les professionnels de santé.
Il n'existe pas de « taux idéal » de césarienne actuellement. Le taux de césarienne dans un pays donné dépend du niveau d'« acceptation » du risque obstétrical par la population dans lequel il est analysé.
Toutefois l'Organisation mondiale de la santé (OMS) établit un taux optimal de césariennes entre 5 % et 15 % : « En proportion des naissances dans la population, le taux de césariennes doit être compris entre 5 % et 15 % — car un taux inférieur à 5 %, indiquerait que certaines femmes avec des complications sévères ne recevraient pas le niveau de soins adéquat ». De nombreux pays dépassent ces chiffres. Au-delà de 15 %, le recours à la césarienne est jugé comme abusif et aurait un impact plus négatif que positif, si l’on considère les risques de cette opération. Les experts s'accordent aujourd'hui à considérer des taux de césarienne supérieurs à 25 % comme anormaux.

Source : Wikipedia
 
 

2 commentaires:

  1. très intéressante... malgre la triste fin de madame Foucart. merci!! LEscobar

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  2. Merci pour cet article !
    Etonnant tout de même ce chirurgien qui s'efface jusqu'à la mort de la parturiente !
    Dans ces naissances par césarienne post-mortem, on constate souvent l'acharnement à trouver un souffle de vie à l'enfant extrait. Il est néanmoins peu probable qu'il soit né vivant...

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